La Tannière de l’Ork Bourré

Taverne virtuelle et intemporelle
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“Ceux qui attirent” par Claire DeLille

décembre 18, 2014 Par : HyiHyil DarkHope Categorie : Litté

Où l’histoire commence par un adultère banal pour finir en équipée fantastique après une petite partie de jambes en l’air dans les tunnels du métro.

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Il m’a été offert de lire l’intégrale de cette série comportant cinq épisodes et un bonus en échange d’une petite chronique. Occasion idéale pour découvrir un auteur et un titre jusqu’alors inconnus.

Paru le 15 septembre, ce livre de 200 pages reprend les épisodes diffusés numériquement entre le 20 novembre 2013 et le 18 août 2014 et se trouve dans la collection “Erotique” de l’éditeur.

L’histoire commence lorsque la sulfureuse Analyse doit rejoindre son amant, Réno, sur Paris, délaissant derrière elle mari et enfants le temps d’une nuit. Mais voilà, le jeune homme n’est pas là, ayant dû décommander à la dernière minute ! Anelyse décide tout de même de faire le déplacement, ne voulant pas se compromettre auprès de son mari.

C’est ainsi qu’elle va se retrouver à déambuler sans but dans les couloirs du métro de Gare du Nord où, on le voit bien venir, elle va faire une rencontre. Caïn, un beau ténébreux qui ferait baver toutes les gothiques de Paris a jeté son dévolu sur elle et l’aborde tranquillement. Sans trop y réfléchir, Anelyse le suit dans le tunnel puis dans un local technique malpropre où elle découvre une bien étrange communauté vivant de sexe et de vie volée car ces êtres ne sont pas tout à fait humains.

L’homme avait plaqué la femme contre le mur froid et humide. Il l’embrassait à pleine bouche, une main pressant avec avidité l’un de ses seins tandis que l’autre fouillait sans retenue sous sa jupe, malaxant alternativement les fesses et l’entrejambe comme s’il ne savait que choisir.
Anelyse se sentit tout de suite très excitée par cet instant volé dont la sensualité laissait plutôt place au stupre. Ils poussaient tous les deux des gémissements rauques et ondulaient de concert. Soudain, le pantalon de l’homme tomba sur ses chevilles et son membre, ainsi dégagé, émergea tel un fier conquérant. La bouche entrouverte et les yeux fermés, il laissa la fille s’accroupir devant lui, et prendre en main son phallus. Elle commença par le lécher, de la garde jusqu’au gland, lentement, l’amenant habilement à la supplier de le prendre en bouche. Enfin, elle se décida à l’engloutir et l’aspira un moment avec entrain. Complètement submergé par son plaisir, l’homme plaça les mains derrière la tête de sa partenaire pour l’empêcher de se retirer. Elle se dégagea néanmoins. Elle voulait sa part elle aussi et tout en se redressant, elle se caressa le corps avec le sexe turgescent qui palpitait entre ses doigts. Il comprit le message. D’un mouvement vif, il agrippa les fesses de la fille, la souleva et la pénétra sans autre protocole. Ses va-et-vient étaient sauvages et frénétiques. Elle criait sous ses assauts, le corps pris de soubresauts, les jambes serrées autour de lui. Ils ne faisaient pas l’amour, ils baisaient, purement et simplement et ils adoraient ça tous les deux.
Ses yeux bien accoutumés maintenant, Anelyse pouvait apercevoir leurs langues se titiller. La jeune femme caressait tantôt les cheveux, tantôt le torse découvert de son compagnon, quand elle ne s’en prenait pas carrément à son arrière-train, le pressant et le griffant tour à tour.
Anelyse n’arrivait pas à détourner le regard. Ces ébats débridés la mettaient dans tous ses états. Elle se sentait en feu, toujours dans les bras de son protecteur étrange. Une sueur propre au désir commençait à perler sur sa peau et une humidité familière envahissait son intimité. Sa respiration se fit plus lourde et bruyante. Son pouls s’accélérait quand une main bouillante se posa sur son ventre, la caressant légèrement. Se laissant aller machinalement, elle se colla plus encore contre lui. Ce rapprochement lui apprit qu’il était au moins aussi excité qu’elle.
Était-ce là son but ? Simplement ? Était-ce uniquement pour le sexe qu’il l’avait amenée là ? Comme en réponse à ses pensées, Caïn descendit sa main jusqu’à son entrecuisse et appuya, jouant des doigts sur le tissu de la jupe. Cela déclencha chez Anelyse un petit cri incontrôlable. Ses jambes se mirent à trembler. Elle aurait, à cet instant, tout donné pour qu’il la prenne, là, à même le sol, dans la saleté et devant des inconnus, avec force et sans retenue.
« Du sexe, oui ma toute belle, et tu en auras… Mais pas seulement. Regarde encore », roucoula-t-il tandis qu’il passait sa main entre le chemisier et la jupe pour caresser sa peau nue frémissante. Les deux autres devant elle étaient parvenus au paroxysme de leur union charnelle. Les seins, qui débordaient du soutien-gorge ouvert, ballottaient vivement sous les coups de reins du mâle qui grognait de satisfaction, pilonnant sa partenaire avec rage. Il était temps. Aucun des deux n’y tenait plus. Ils jouirent dans un bel ensemble. Leurs cris se perdirent dans les ténèbres. Mais alors qu’il déversait les dernières gouttes de sa semence, le plus profondément possible, l’homme fut pris d’un sursaut et se tendit de stupeur, d’angoisse. Une lumière incandescente irradiait de ses iris, comme deux phares dans la nuit. La femme, soudain plus grande que lui, le maintint fermement contre elle pour éviter qu’il ne se retire trop vite. Lui renversant la tête, elle se pencha vers la bouche de son compagnon de jeu et aspira ses lèvres, comme pour lui sucer la langue.
L’homme ne réagissait plus. Aimanté à elle, les bras ballants, les yeux toujours lumineux, il avait l’air d’un pantin désarticulé. Et elle lui tétait la bouche, insatiable, tel un nouveau-né tirait le lait de sa mère. Comme si sa vie en dépendait.
Anelyse était en apnée. Stupéfaite. Elle réalisa bientôt que la lumière dans les yeux de l’homme commençait à faiblir, comme une jauge qui se vide, alors que la femme gagnait encore en prestance. Ses prunelles prenaient l’éclat qu’elles avaient volé à son partenaire. Ses cheveux se tordaient sur son crâne, incandescents, comme doués de vie. Sa peau se teintait de pigments bleutés…
C’était une créature, elle aussi, mais pas l’homme, manifestement humain. Lorsque la dernière étincelle s’éteignit dans ses yeux, la démone releva la tête, satisfaite, et lâcha son amant d’un soir. Il s’écroula, la chemise ouverte, le pantalon aux pieds, flasque, et ne se releva pas.

Suite aux évènements qui suivent, Anelyse découvre sa véritable nature et se rend compte qu’elle la partage probablement avec Réno. Cette révélation, éclairée en partie par Caïn, va changer leur vie et les amener à entrer dans le monde surnaturel et inquiétant de ces êtres.

Mon avis : je n’irai pas jusqu’à dire que tout y est prévisible même si les ficelles scénaristiques utilisées sont plutôt communes car cette adaptation d’un folklore fantastique connu est plutôt pas mal et l’ensemble, bien écrit, se lit très facilement. L’auteur a eu l’excellente idée de ne jamais situer précisément où se passe l’action ni même en quelle année. Les geeks apprécieront d’ailleurs que l’un des trois lieux nommés soit Le Dernier Bar Avant La Fin Du Monde, cité dans l’épisode bonus où se passe une partie de l’action. Malheureusement, et c’est là que je “pinaille”, les lieux décrits n’ont rien à voir avec les lieux réels pas plus que les passages se déroulant à Gare du Nord dont j’ai déjà visité les tunnels et les locaux techniques. Mais cela n’empêche pas la lecture d’être agréable.