Tout d’abord, avant de dire quoi que ce soit de contrariant :

!!! SPOIL ALERT !!!

Cet article est fortement susceptible de contenir du spoil, des morceaux de spoiler, des éclats de spoiler et des miettes de spoiler. Merci aux allergiques d’en prendre compte.

Synopsis :
Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l’humanité. À la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision.
Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l’équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s’engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d’autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement…

Ce film se place donc chronologiquement peu après Avengers 2 : l’Âge d’Ultron et les évènements de Sokovie qui ont fortement marqué l’opinion publique, causé d’importants dégâts et provoqué de nombreux morts parmi la population civile.

Le début : les causes

C’est donc cette escalade d’évènements graves (l’invasion Chitaurie du film Avengers, la chute des trois Héliporteurs du S.H.I.E.L.D. dans Captain America 2 : Le Soldat de l’Hiver, les destructions par Ultron dans Avengers 2 et enfin, une explosion mal maîtrisée par Wanda, la Sorcière Rouge, au début de ce film) ainsi que les disparitions de Thor et Hulk (un équivalent de “deux bombes nucléaires perdues dans la nature”) qui vont pousser les dirigeants de plus de cent pays à rédiger les “Accords de Sokovie” destinés à créer un Conseil de Supervision de toutes les actions et interventions des Super-Humains, ceux-ci étant jugés dangereux et hors de contrôle, irresponsables. Cette explosion accidentelle est l’occasion d’introduire le Wakanda, pays isolé d’Afrique profonde d’où provient le Vibranium utilisé pour le célèbre bouclier du Captain. En effet, le “hasard” veut qu’une délégation de ce pays était sur les lieux et fut balayée par l’explosion.

Dans les comics, après la destruction du Manoir des Vengeurs, les ravages de Manhattan durant les guerres secrètes de Fury et la folie destructrice d’un Hulk instable à Las Vegas, la peur a atteint des sommets. L’évènement déclencheur est un choc monstrueux lorsque plus de 600 personnes, dont une majorité d’enfants, trouvent la mort lors d’une émission de téléréalité retransmise en direct durant laquelle les New Warriors (Night Thrasher, Namorita – cousine de Namor le Prince des mers, Speedball et Microbe) attaque sauvagement et de façon totalement irresponsable un groupe de super-vilains parmi lesquels se trouve Nitro, capable de déclencher de puissantes explosions autour de lui. Acculé, ce dernier fait appel à son pouvoir, détruisant plusieurs pâtés de maisons. C’est cet accident supplémentaire qui pousse le gouvernement américain à voté une loi de recensement des Super-Humains, le SRA (pour Superhuman Registration Act, Loi de Recensement des Super-Humains) à laquelle devront se soumettre quiconque possédant des pouvoirs sous n’importe quelle forme (mutation innée ou non, gadgets, magie, etc…).

Si les évènements successifs menant à la mise en place d’un corpus législatif sont très différents entre les films et les comics, tous comportent leur part d’horreur et participent à la création du climat de peur que peuvent ressentir les humains “normaux” soumis à cet environnement dangereux et incertain. De même, si les Accords et le SRA semblent différents, tous deux ont pour but de responsabiliser et contrôler les super-héros, sources de pertes collatérales financières, matérielles et humaines.

Ensuite : les conséquences

Dans le film, Steve Rogers, alias Captain America, fervent défenseur des libertés individuelles, est opposé à ces Accords et ne comprend pas pourquoi Tony Stark, alias Iron Man, est prêt à les signer. Cette divergence d’opinion fait alors du patriote un hors la loi en devenir. Quand les Nations Unies sont touchées par un nouvel attentat à la bombe pendant le discours d’introduction du roi Wakandais T’chaka, tout accuse Bucky Barnes, le Soldat de l’Hiver. C’est à ce moment que la limite est franchie, Steve refusant de laisser son ami quand Tony décide d’arrêter celui-ci par tous les moyens. Le choix de Steve repose donc autant sur ses convictions personnelles que sur l’amitié qui le lie à Bucky, alors que celui de Tony vient de son désir de reconquérir Pepper Potts qui lui reproche de trop jouer au Super-Héros malgré les risques (on se rappelle la destruction de sa villa durant Iron Man 3). A aucun moment, ce dernier n’argumentera auprès de Steve que les défauts de la loi pourront être corrigés plus tard.

Du côté des Comics, Steve ne peut accepter que les identités secrètes de ces amis soient ainsi connues et divulguées, même au nom de la sécurité car il en va alors de celle des proches des héros. Le premier héros à se dévoiler publiquement, après Tony, est Peter Parker/Spider-Man, se démasquant face à la caméra malgré les risques qu’il décide d’accepter (ce qui conduira à la mort de sa tante, peu après). C’est après avoir refusé l’offre de Maria Hill, Directrice du S.H.I.E.L.D. à la suite de Fury, de diriger une équipe de Super-Héros enregistrés et mandatés pour traquer ceux qui ne se soumettraient pas au recensement que Steve devient officiellement hors-la-loi et regroupe alors un groupe de résistance, soutenu par Fury. Pour Tony, la loi ne doit être combattu que par des moyens législatifs, même si cela doit prendre du temps, alors que Steve soutient qu’une loi mauvaise doit être combattue à tout prix et par tous les moyens (il faut se rappeler qu’il a vécu la seconde guerre mondiale et combattu le fascisme nazi). L’une des premières victimes à tomber est Johnny Storm, alias la Torche Humaine des Quatre Fantastiques, lynché par la foule après avoir été reconnu, un risque qui n’est jamais évoqué dans le film.

Ainsi, avec deux lois différentes, nous obtenons deux suites d’évènements bien différentes. D’une part, le film est beaucoup plus orienté sur l’importance de l’amitié et de la fidélité entre coéquipiers alors que les Comics ont surtout mis l’accent sur le sens du devoir, des responsabilités et les risques d’être un héros connu et reconnu. Malgré tout, on comprend que les deux systèmes visent à mettre en place une équipe supervisée “autorisée ou non” à intervenir face aux différentes menaces. Dans les deux histoires, c’est ce “ou non” qui dérange la plupart des héros décidant de suivre Steve : comment des impératifs financiers ou politique peuvent-ils décider de ne pas intervenir quand il faut sauver des populations entières ? En effet, l’histoire est pleine d’interventions militaires (américaines) où l’ingérence se justifiaient par des intérêts plus économiques qu’humanitaires…

Déroulement : les Temps Forts

Le plus impressionnant de ces temps forts, dans le film, est le combat ayant lieu dans l’aéroport désert et opposant les deux équipes au complet. Malgré l’absence de poids lourds tels que Thor et Hulk, les interventions de Spider-Man et Ant-Man sont surprenantes, bien amenées et efficaces face à T’challa, la Panthère Noire et Sam Wilson, Le Faucon (lequel a troqué son faucon contre un drone intégré au pack dorsal). D’un autre côté, malgré leur puissance, le duo Iron-Man/Warmachine et La Vision restent relativement discret malgré leurs possibilités, laissant la part belle à Natasha Romanoff (La Veuve Noire) et Clint Baron (Oeil de Faucon) qui permettent ainsi à Steve et Bucky de filer vers la scène suivante. Ce combat se termine alors sur la chute de Rhodey qui le laissera quasi-paralysé (un évènement présent dans les Comics mais pas du tout dans ces conditions, affaire à suivre, donc).

Dans les Comics, l’équivalent de l’affrontement à l’aéroport se déroule dans une usine Stark et voit s’affronter les deux camps pour la première fois. Steve y mène son groupe, pensant répondre à un SOS et désirant donner une bonne image de sa rébellion envers le SRA. En réalité, c’est un piège mis en place par Tony dont l’issue sera fatale pour Bill Foster (Goliath), un héros capable de grandir démesurément, tué par Thor censé être mort mais cloné par Red Richards (Mister Fantastic des Quatre Fantastiques) et dénué de conscience. Ce décès est un nouveau choc qui mènera à une scission totale jusqu’au sein du couple Richards, Red soutenant Tony et Jane ayant rejoint la cause de Steve. Chacun mesure alors l’ampleur de la catastrophe qui les touche tous et les conséquences de leur implication, les blessés ayant été nombreux lors de ce premier combat. (Après réflexion, il est possible que l’invalidité de Rhodey soit l’équivalent filmique de la mort de Bill…)

Un autre temps fort est l’apparition de la prison d’ultra-haute sécurité pour criminels super-humains the Raft. Dotée de la plus haute technologie et isolée au milieu de l’océan, cette installation submersible est censée permettre la détention des criminels dotés de pouvoirs. Contrairement aux Comics, la question de cette détention est très peu abordée et de nombreux points sont peu clairs ou complètement ignorés. Ainsi, le financement ou la gestion de la prison sont inconnues et le statut de hors la loi est lui-même peu clair par rapport aux Accords de Sokovie.

Si the Raft est bien présente dans les Comics, elle est également baptisée la “Prison 42” car elle serait la 42e idée émise par Tony Stark, Red Richards et Henry Pym (quand on sait que le Pym du film déteste les Stark père et fils, on comprend qu’ils ne puissent plus travailler ensemble) afin de rendre le monde meilleur. Dans l’histoire originale, elle ne situe pas au milieu de l’océan (ce qui impliquerait forcément Namor) mais dans la Zone Négative (découverte par Red dans le dernier film des Quatre Fantastiques) et a été construite par les Entreprises Stark qui la gèrent entièrement. C’est ce point, non abordé dans le film, qui permet à Tony de proposer à chacun des criminels (Super-Vilains ou non) arrêtés de choisir entre l’emprisonnement ou la rédemption : en donnant leur identité et en acceptant le recensement, ils deviennent ainsi des agents de l’état. Plus tard, cette prison et ses occupants seront abandonnés à Blastaar, le belliqueux Roi de la Zone Négative, qui souhaite prendre possession du portail menant à la Terre.

Conclusion : la fin ?

Peu avant la fin du film, on découvre que tout ce qui s’est passé autour du Soldat de l’Hiver n’avait qu’un but : détruire l’unité des Vengeurs en montrant à Tony que c’est un Bucky sous contrôle qui a tué ses parents, fait connu de Bucky comme de Steve qui l’ont gardé sous silence. Toute cette machination a été menée par le Colonel Zemo, un Sokovien ayant perdu sa famille lors des évènements ayant détruit la ville. Découvert par T’challa, il est arrêté mais lâche peu après une petite phrase sibylline laissant à penser qu’il n’a pas encore perdu la guerre qu’il a lui-même déclenché. C’est après le combat entre Steve/Bucky et Tony et la cryogénisation de Bucky au Wakanda que l’on voit Steve prendre le Raft d’assaut et en libérer ses équipiers arrêtés après le combat à l’aéroport, apparemment seuls résidents du complexe.

Mais dans les comics, l’histoire ne s’arrête pas là. Si Steve et son équipe prennent effectivement d’assaut la prison 42 et en libèrent ses nombreux prisonniers, le combat est téléporté dans les rues de New York où la violence des combats semble n’épargner personne. Et là, Steve a jeté Tony au sol, l’armure est en pièces, brisée. Steve est en sang mais il a le dessus sur Tony, il est prêt à lui porter un dernier coup quand il est arrêté dans son geste par des policiers et des pompiers venus là pour tenter de sauver les citoyens d’un quartier transformé en champs de ruines. Devant l’horreur de la situation, Steve comprend qu’il est allé trop loin. Il retire son masque et se rend aux autorités, prêt à assumer sa responsabilité dans les derniers affrontements, désormais, il combattra le SRA comme le voulait Tony. Malheureusement, il ne pourra pas être jugé car il sera assassiné sur les marches du Palais de Justice, probablement tué par CrossBones (celui qui se fait exploser dans le film) mais plus certainement par Sharon Carter (la fille de Peggy Carter qui aide Steve dans le film) conditionnée par le Docteur Faustus. A ce point de l’histoire, la mort de Steve porte un coup dur aux deux camps pour lesquels il était devenu le modèle à suivre.

Ainsi, soit la Civil War telle qu’elle fut écrite sera étalée sur plusieurs films, soit elle ne prendra jamais vraiment fin dans les films. Toujours est-il qu’avec la mort de CrossBones, l’assassinat de Steve ne pourra être que différend. Autre différence, le Baron Zemo (fondateur et chef du quatrième groupe Maîtres du Mal, un groupe de Supers-Vilains) est censé se racheter officiellement une conduite en étant pro-SRA et devient ensuite le leader des Thunderbolts, d’anciens criminels ayant accepté l’enregistrement. Tout ce qu’on peut en conclure est que la fin du film n’est pas la fin de l’histoire.

Quelques autres différences

Dans les autres conséquences de la Civil War, Tony met en place un projet de longue date, très rapidement évoquée au début du film Avengers : le projet Initiative ou Initiative des 50 Etats, visant à former et mettre en place une équipe spécifique de Super-Héros par état, seule équipe habilité à intervenir dans la juridiction qui lui est affectée. L’équipe des Thunderbolts sera ainsi formée et évaluée dans un centre de formations agréé par le gouvernement.

Une grosse différence qui sera peut-être réparée plus tard concerne la participation de Spider-Man. Dans les comics, après avoir découvert the raft et avoir affronté Steve, son idole (comme rappelé dans le film), plusieurs fois, il comprend qu’il n’est pas dans le “bon” camp et décide de rejoindre les rebelles. Malheureusement, il a révélé son identité devant les caméras et ses anciens ennemis comme ses anciens alliés désormais recensés savent désormais qu’il n’est qu’un lycéen et qu’il a une famille. C’est ainsi que sa tante devient la cible d’un tueur du Caïd (Kingpin), et que Peter revêt à nouveau son costume noir, décidé à être aussi cruel que ses ennemis.

Enfin, la troisième grosse différence qui, à priori, n’apparaitra pas dans les films est qu’après l’arrestation de Steve, Tony devient directeur du S.H.I.E.L.D. et remplacera Maria Hill qui deviendra son assistante. Le S.H.I.E.L.D. ayant disparu à la fin de Captain America 2, il est fort peu probable que cette nomination puisse se produire. Il faut savoir également que le H.A.M.M.E.R. présent dans le film Iron Man 2 est censé remplacer ensuite le S.H.I.E.L.D. dans sa mission de défense mondiale lorsque son nouveau directeur, Harry Osborn (alias le Bouffon Vert, alias Iron Patriot, leader des Dark Avengers) décidera que la meilleure défense étant l’attaque, il convient de donner un grand coup de marteau (hammer) sur ses ennemis plutôt que de se cacher derrière un vieux bouclier (shield), sous entendant que l’organisation en place est obsolète et dépassée. Mais tout ça, c’est surtout un arc différent appelé Dark Reign.

Peut-être qu’une partie de tout ceci sera développé plus tard dans les films à venir, peut-être pas. Mais ce qui est sûr, c’est que je ne peux que vous recommander de lire la véritable Civil War qui a été réédité en grands volumes. Non seulement l’histoire y est complexe et très poignante mais j’y ai personnellement trouvé de nombreuses réflexions qui m’ont aidé dans la vie.

N.B. : Certains trouveront que l’utilisation des parents de Tony est à peu près équivalente à celle des prénoms des mères de Clark et Bruce dans le dernier film DCU. De plus, leur décès étant évoqué dès le début du film, on croirait vraiment voir une nouvelle variante de Batou. Mais non, en fait, c’est différent, elle s’appelle Maria, pas Martha !