Les Ch’tits Hommes Libres et Tiphaine Patraque
Ma dernière lecture, le premier roman de Pratchett avec Tiphaine Patraque.
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Au premier abord, on pourrait croire que les Ch’tits Hommes Libres, les Pictsies, sont un équivalent des Schtroumphs mais ce serait comme dire qu’un Drow est juste une tafiole elfique dans une vague émo. Ces petits bagarreurs roux me font beaucoup penser aux Minipouss qui auraient virés punks et aux Léprechauns du téléfilm “La Guerre des Invisibles”.
Cette première histoire avec Tiphaine Patraque diffère des autres histoires des Sorcières du Disque-Monde par plusieurs aspects dont le premier est, tout simplement du rôle et de la présence de la magie. Ainsi, si Mémé Ciredutemps fait de la magie sans en faire et n’en fait pas tout en semblant en faire (vous suivez toujours ?), Mémé Patraque, l’aïeule de Tiphaine en faisait… peut-être… Après tout, “c’est toujours de la magie, même quand on connait le truc” répète Tiphaine et la térébenthine est un peu une potion magique qui soigne tout, en un sens.
On traverse ainsi la première moitié du livre en ayant l’impression qu’il n’y a aucune magie pour, finalement, comprendre qu’elle n’est pas forcément où l’on croyait la trouver. Et quand Nounou Ogg et Mémé Ciredutemps arrivent enfin, est-ce vraiment de la magie ou seulement un autre tour de passe-passe ? Comment savoir ?
De plus, en lisant cette histoire, j’ai repensé à une autre lecture, beaucoup plus ancienne, “Faërie la colline magique”, de Raymond Elias FEIST et, bien sûr, le film Inception.
Dans ces deux histoires, le “monde du rêve” est très présent tout autant que ses influences sur le monde réel. On y trouve aussi les notions de rêve dans le rêve et la possibilité de contrôler son rêve ou de subir celui de quelqu’un d’autre, surtout quand cet autre se nourrit du rêveur…
Evidemment, une autre grosse référence à m’être venu à l’esprit est Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll. Par cette Reine capricieuse et presque omnipotente, on est très proche de la Reine de Coeur qui impose ses désirs et volontés à son entourage. De la même façon, l’entourage de la Reine, sa cour, est étrange, inquiétante et, d’une certaine façon, “bizarre”. Si dans la version de Tim Burton de 2010, les courtisans sont grimés, déguisés, afin de plaire à cette Reine de Coeur à la grosse tête, ici, ils sont écoeurants, déformés, ridicules comme vus dans un rêve peu précis et un peu enfantin.
Si je devais critiquer un aspect de tout ça, ce serait la maturité de Tiphaine. Avec mon esprit pratique, voire très terre-à-terre, je trouvais que cette jeune demoiselle de 9 ans affiche un pragmatisme et un sérieux dignes d’une jeune adulte une d’une héroïne de 15 ou 16 ans. Après réflexion, j’ai réalisé que même si elle a “trop” de maturité pour son âge et “pas assez” de naïveté enfantine, ce sont ces traits de caractère qui font d’elle une future sorcière : ce n’est pas une cruche, elle est intelligente et elle a le sens des responsabilités propre à ceux qui ont à coeur de bien remplir les tâches qui leur sont confiées. Et elle a beau ne pas apprécier particulièrement son jeune frère, il est avant tout SON frère et la Reine ne doit pas lui prendre. Et même si ce caractère possessif est également propre aux sorcières de Pratchett, c’est également très enfantin (essayer de prendre un jouet inutilisé à un enfant et vous verrez bien). C’est donc bien une petite fille sérieuse et travailleuse tout en pouvant être capricieuse à sa façon mais gentille malgré tout tant que personne ne vient lui casser les pieds (un peu comme un certain Gregory H ).
Ce fut donc une lecture très agréable qui m’a rappelé de bons souvenirs divers, un peu comme une relecture d’une bonne histoire en une autre bonne histoire. De plus, cette histoire est l’introduction de la série centrée sur Tiphaine qui, semble-t-il, est prometteuse car déjà, j’aime bien ce personnage ni gamin ni nunuche tout en étant crédible dans son univers.