Il combattait les géants et les enchanteurs…
Mon pseudonyme n’est pas le nom d’une arme légendaire mais je peux quand même faire des critiques ciné
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Nous sommes donc allé voir le dernier film de Terry Gilliam, enfanté dans la douleur et avec beaucoup de souffrances après des années de dur labeur et de catastrophes en tous genres. En effet, si l’idée germe dès 1990 dans l’esprit du réalisateur, il lui a fallu attendre 10 ans pour un premier essai (avec Jean Rochefort et Johnny Depp) inachevé malgré les investissements importants. S’ensuivent ensuite une série de projets avec différents duos dont aucun n’aboutira avant ce dernier et ultime essai dont voici le pitch :
Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout? (Allociné)
Si le fait de retrouver Kylo Ren (Adam Driver) dans le rôle du jeune cinéaste a pu me surprendre dans un premier temps, l’insertion d’images issues de la tentative avortée de 2000 et déjà réutilisées dans le documentaire/making-of Lost in la Mancha (avec Rochefort et Depp) m’a également ravi au plus haut point. Heureusement que Paulo Branco n’a pas eu gain de cause ! Ce producteur peu scrupuleux de la précédente tentative avait eu le culot de demander l’interdiction de la projection du film avec le prétexte que le projet lui appartiendrait. Ouf !
Tout le monde, ou presque, a déjà entendu parler du personnage de Don Quichotte, ce fou se prenant pour un valeureux chevalier affrontant géants et magiciens imaginaires au péril de sa vie en compagnie du fidèle mais bien niais Sancho Panza :
L’intrigue couvre les aventures d’un pauvre hidalgo (gentilhomme) de la Manche, dénommé Alonso Quichano, et obsédé par les livres de chevalerie, qu’il collectionne dans sa bibliothèque de façon maladive.Ceux-ci troublent son jugement au point que Quichano se prend un beau jour pour le chevalier errant Don Quichotte, dont la mission est de parcourir l’Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés. Il prend la route, monté sur son vieux cheval Rossinante, et prend pour écuyer un naïf paysan, Sancho Panza, qui chevauche un âne (Rucio dans le texte espagnol, Grison dans la version française).
Don Quichotte voit dans la moindre auberge un château enchanté, prend les filles de paysans pour de belles princesses et les moulins à vent pour des géants envoyés par de méchants magiciens. Il fait d’une paysanne de son pays, Dulcinée du Toboso, qu’il ne rencontrera jamais, la dame de ses pensées à qui il jure amour et fidélité.
Sancho Panza, dont la principale préoccupation est, comme son nom l’indique, de se remplir la panse, estime que son maître souffre de visions, mais se conforme à sa conception du monde, et entreprend avec lui de briser l’envoûtement dont est victime Dulcinée. (Wikipedia)
Ainsi, presque tout le monde connaît l’épisode du roman dans lequel Don Quichotte affronte les moulins à vent et sait plus ou moins qu’il cherche à délivrer sa Dulcinea, prisonnière de terribles sortilèges. C’est, bien sûr, la base que reprend Gilliam dans son film, entrainant Toby à la suite du Don Quichotte (Jonathan Pryce) de son film d’étudiant qui le prend pour son fidèle Sancho, ayant, comme son personnage, perdu tout sens de la réalité.
Le film alterne donc les réalités actuelles, comme le producteur cherchant des financements et poussant sa vedette en avant, et les délires fantasmés de Don Quichotte combattant la sorcellerie et toute manifestation du Mal et de l’injustice, persuadé que toute femme posant les yeux sur lui ne peut que tomber immédiatement et éperdument amoureuse. C’est comme ça que les pièces d’or redeviennent des vieilles rondelles rouillées car, comme le dit Toby : “tout est faux ici”. On poursuit ses rêves, on joue un rôle, des rôles, on porte des masques, des costumes, on joue à être un autre, plusieurs autres. Oui, dans la vie, tout est souvent faux.
Mais si on croit à nos rêves, si un homme peut faire croire à ses rêves, alors le rêve perdure et peut se transmettre. Si le rêve perdure, les géants se dressent à nouveau et le vaillant chevalier peut saisir ses armes et les affronter à nouveau. Et tant pis si Sancho a changé... en mieux ? Ce n’est pas si important après tout, tant qu’il/elle est là aux cotés du valeureux chevalier errant.
Le rêve n’est pas mort.