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Le loup dans le camion blanc, John Darnielle

juin 07, 2018 Par : HyiHyil DarkHope Categorie : Litté

Un livre prêté par Bat-Bertie qui peut éveiller quelques souvenirs chez quelques vieux internautes-rôlistes…

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Prêté par un ami fort cultivé et encore plus fort sympathique, j’ai pu lire le roman du guitariste et chanteur qui m’était inconnu issu d’un groupe, The Mountain Goat, tout autant inconnu de bibi. Mais peu importe, ce roman, devenu best-seller en son temps, parle de ce que tous les “vieux” internautes et/ou rôlistes, ou presque, ont pu connaître autrefois : les jeux par correspondance, en tour par tour, par mail ou par courrier.

À dix-sept ans, Sean est défiguré. Sous l’effet des pilules analgésiques ingurgitées trois fois par jour, son imaginaire – nourri des lectures de Conan le Barbare, des fanzines de science-fiction ou de musique rock – s’enflamme : il crée Trace Italian, un jeu de rôle par correspondance dans lequel les joueurs cherchent un abri dans une Amérique post-apocalyptique. Reclus dans sa maison du sud californien, Sean, devenu adulte, reçoit un jour une lettre d’injures le tenant pour responsable de la mort de deux adolescents qui ont voulu transposer Trace Italian dans le monde réel. Ce drame réactive chez lui des souvenirs enfouis. Dans le labyrinthe de sa mémoire, il tente, à travers des événements anodins, de comprendre comment certains choix ont pu bouleverser toute sa vie. Le Loup dans le camion blanc est une histoire envoûtante, à la fois sombre et brillante, débordante d’imprévu, de solitude et de fuite. (Babelio)

Sean est donc créateur de jeux, c’est son exutoire, sa porte de sortie pour fuir le quotidien pesant de son invalidité car Sean, défiguré, est invalide. Il a imaginé Trace Italian comme un univers post-apocalyptique dans lequel ses joueurs doivent imaginer le chemin le plus sûr vers ce bastion de sécurité qu’est Trace, un havre qu’il n’atteindront jamais. Tour après tour, Sean pioche dans ses textes rédigés des années auparavant lors de ses séjours à l’hôpital, suivant les choix plus ou moins détaillés que lui envoient les joueurs, semaine après semaine. Ces jeux, c’est sa vie, son histoire, son passé, son futur.

Aussi, lorsqu’il apprend avoir tué ces deux adolescents, il essaie de savoir, de comprendre comment sa création, son oeuvre, a pu donner la mort. Ces deux jeunes, il s’en souvient. Ils jouaient ensemble et c’était lui qui écrivait, rarement elle, à part en de très rares occasions. Leurs choix étaient réfléchis et sûrs. Alors pourquoi ?

Et ce visage ? Que s’est-il passé ? Qu’a-t-on pu faire à Sean ? Qu’a-t-il pu se faire ?

Chapitre après chapitre, la description de Sean se complète, les cicatrices, la peau à l’aspect étrange, l’absence de nez, mais également son histoire. Dans le désordre, par fragments. Comme celle de Lance et Carrie, partis vivre en vrai leur aventure écrite dans Trace Italian. Une description, une histoire, des histoires, dures, comme peut l’être la vie réelle.

Pour la lecture de ce roman, j’ai fait appel à un truc que je n’avais peut-être plus fait depuis mes débuts en lecture : la lecture ”à voix haute” et non juste en pensée. J’ai réalisé que l’histoire de Sean prenait bien plus d’ampleur et que ses pensées, ses réflexions, semblaient devenir plus réelles en leur donnant la consistance de ma voix, même murmurée. Ce changement de ressenti m’a vraiment permis d’apprécier cette lecture.