La Tannière de l’Ork Bourré

Malgré la mode actuelle de la dystopie, Brad Bird semble nous promettre des lendemains plus chantants dans un film qui fait un peu penser à Retour Vers le Futur : les bâtiments étincèlent vers des sommets enrubannés de nuages blancs dans un ciel sans aucune pollution. Les tenues elles-mêmes semblent tout droit sorties d’un film SF des années 50… Ah mais, c’est normal puisque l’histoire débute en 1964 pendant l’exposition universelle.

Pour faire court, on est un peu comme ce gamin, émerveillé devant les merveilles du futur et les possibilités de ce demain si magiques. Et quand c’est au tour de Casey de voir ce futur improbable, on en vient à se demander si elle s’y trouve vraiment, si ce n’est qu’une vision ou si elle occupe le corps d’un lointain descendant. Surtout que la pauvre ado naïve entend à presque chacun de ses cours que la Terre va mal et que la vie est menacée à bien des niveaux. Et c’est à chacun de ces cours qu’elle voudrait poser la question “mais que peut-on faire ?” car pour elle, il n’est pas trop tard pour agir et il ne faut pas baisser les bras. L’espoir… La persévérance…

Et c’est parce qu’elle ne se laisse pas abattre facilement, que c’est une battante, que Casey est “sélectionnée” par une recruteuse de ce futur parfait. Et elle sera bien déçue de comprendre que ce futur n’existe pas vraiment puisque c’est une réalité parallèle découverte par Gustave Eiffel, Thomas Edison, Nikola Tesla et Jules Verne, un lieu isolé qui a su se préparer à voir venir la “catastrophe” qui détruira le monde. Cette idée aurait une base historique, d’après Allociné :

[...] le scénario part d’une rumeur selon laquelle, à la fin du XIXème siècle, l’inventeur français accompagné de Jules Verne, de l’Américain Thomas Edison et du Serbe Nikola Tesla se seraient réunis afin de discuter du futur. De cette rencontre serait sortie l’idée de former une organisation ultra-secrète baptisée Nec Plus Ultra. Les quatre hommes avaient notamment le projet de construire une ville du futur qui aurait été un vaste terrain d’expérimentation scientifique. Mais les deux guerres mondiales ont mis un coup d’arrêt au projet et ce n’est que lorsque Walt Disney a rejoint l’organisation dans les années 1960 que la ville a pu voir le jour, dans les parcs Disneyland, à l’abri du monde réel. Ainsi est née Tomorrowland.

Le lien est donc fait entre Tomorrowland (discoveryland pour la version européenne) et le scénario du film dont le titre original est… Tomorrowland ! Mais alors, puisqu’ils savent, ces génies, pourquoi ne pas prévenir et sauver tout le monde ?

C’est là que nous arrivons au deuxième message du film, délivré par Hugh Laurie : si les gens apprenaient qu’une terrible catastrophe allait arriver en précisant la date exacte, ces gens ne voudraient pas l’éviter, ne voudraient pas se préparer mais voudraient seulement continuer à vivre comme si rien n’était possible… Et ce genre de constat peut s’appliquer pour tout : pourquoi faire des efforts et faire un travail correct, de toutes façons, tout le monde fait les choses à moitié. La volonté de “montrer l’exemple”, de “relever le niveau” ou tout simplement de “faire les choses à fond et complètement” n’existe plus. Pourquoi sauver la Terre, la vie et le reste s’il est écrit que tout sera détruit dans 60 jours ? Pourquoi faire l’effort que le voisin ne fait pas ?

Nous avons donc un message d’espoir pour ceux qui auront la force et la motivation de sauver demain car nul autre que nous ne le fera. Et ce n’est pas seulement de constater les dégâts de la pollution qui changera l’avenir mais bien d’y remédier. Alors, mériterez-vous votre badge ?

Au-delà de ces messages un peu moralisateurs, pourquoi aller le voir ? Parce qu’il y a des robots (des Audio-Animatronics), des armes laser, une fillette de 10 ans qui se bat comme Néo, des combats très acrobatiques, une ville futuriste très jolie, Hugh Laurie et Georges Clooney et surtout, il y a une magnifique scène dans/avec la Tour Eiffel avec une rapide visite de l’appartement privée de G. Eiffel, une vue sur Paris et enfin, le décollage de la fusée Eiffel après la transformation de la tour en pas de tir spatial. Bref, j’ai apprécié.