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Métaquine, François Rouiller

mars 15, 2018 Par : HyiHyil DarkHope Categorie : Litté

Quand une forte grippe tente de m’empêcher de parler d’un livre traitant d’un médicament novateur…

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Prévu d’être publiée la semaine passée, la chronique de ce roman en deux volumes fut empêchée par une violente grippe qui m’a abattu dès le matin et ce, pour plusieurs jours. Ironique, n’est-ce pas ?

Métaquine 1

Ironique car, si je reprends la présentation en quatrième de couverture, le titre du roman n’est autre que le nom donné à un médicament révolutionnaire inondant le marché et aux nombreuses vertus médicinales dont certaines sont encore à découvrir au début de l’histoire.

Régis, dernier de la classe ne veut pas prendre de Métaquine® le médicament qui transforme les cancres en écoliers modèles. Des millions d’enfants inadaptés bénéficient pourtant du traitement, au grand soulagements des profs et des parents. Mais Régis craint que la chimie dissolve le Duché, la contrée fabuleuse d’où son imagination tire châteaux, dinosaures et compagnons de jeu invisibles.
La mère du gamin s’est enfermée sous un casque de cybertox, son beau-père rumine des fantasme de tueur en feuilletant d’abjects magazines. Il n’y a guère qu’une voisine, neuropsy à la retraite, pour l’aider à défendre ses rêves. Ou peut-être, en ville,cette politicienne remuante qui milite contre la distribution de psychotropes à l’école.
Mais que peuvent deux idéalistes face à un géant pharmaceutique et aux milliards de son budget marketing, alors qu’on découvre à la Métaquine® des vertus toujours plus prometteuses et que la planète entière a déjà gobé la pilule ?

François Rouiller, avec ce premier roman, entre d’emblée dans la cour des grands. Métaquine® est le fruit de huit ans d’écriture et de réflexion sur les dérives de l’industrie pharmaceutique, le mensonge publicitaire, les manipulations de masse, l’espoir d’une souveraine panacée. Avec, à la clé, cette question : habitons nous le vrai monde ou un placebo ?


C’est donc une histoire au sujet de la Métaquine®, un médicament aux propriétés magiques, véritable panacée, capable de calmer les excités et les hyperactifs, de donner du tonus aux mous, d’aider les têtes en l’air à se concentrer et de rendre confiance et maîtrises au tout un chacun, petits et grands qui sont de plus en plus nombreux à s’abandonner dans cette facilité chimique salvatrice.

Chaque chapitre donne le point de vue de l’un des personnages, Régis, sa mère, son beau-père, la vieille voisine ou l’un des quelques autres, afin de faire évoluer l’un des aspects de la trame qui se tisse alors progressivement, chapitre après chapitre, jusqu’au moment où le lecteur arrive au moment où il se dit soudain “non, c’est vraiment… ?” et de se précipiter 20, 30, 50, 250 pages en arrière pour vérifier ce qui a déjà été lu.

Une particularité dans ce découpage en chapitre et qui se met très rapidement en place est que chaque chapitre débute par les mots qui ont terminé le précédent. Ainsi, leur lecture s’enchaine sans heurts comme on pourrait enchainer les séquences d’une bonne série télévisée, sans même s’en rendre compte. Pour ma part, j’ai adoré !
Mé

Mais pourquoi ce roman médical est-il si bien ? Déjà parce que sous son vernis médical, se cache en réalité une histoire alliant les manipulations des services de com et de pub d’un grand groupe pharmaceutique avec les aléas d’une technologie trop mal maitrisée par des opérateurs, des fabricants et même des concepteurs dépassés par les capacités non imaginées et non évaluées des ordinateurs quantiques, des qubits et de toute la puissance de calculs que génèrerait un réseau mondial dopé par de telles machines. Ce sont les cybertox qui pourraient en être heureux… si tout cela ne s’écroulait pas sur lui-même !

Et je n’ai pas parlé de Ferdinand Glapier, le grand gourou de pilori.info, détracteur, lanceur d’alertes et visionnaire avant l’heure, seul capable de pointer du doigt les dysfonctionnements qui nous entourent tous les jours sans que nous n’en ayons seulement conscience. Un génie sorti de sa bouteille ?

En bref, Métaquine, ce n’est pas du tout “50 nuances de Grey’s Anatomy” mais plutôt quelque chose comme “Aux frontières du Qubits : the M Files”.